LE CENTRE BETANIA

L’association Centre Bétania est malgache. C’est une association de quartier créée en 1995.
Elle gère l’école, les cantines et le dispensaire. Au fil des ans, la structure s’est organisée et professionnalisée. Elle emploie aujourd’hui 60 personnes principalement issus du quartier. 

LE QUARTIER

Situé dans une zone inondable du premier arrondissement d’Antananarivo, Ankasina est un quartier à vocation rurale, 80% de sa surface étant formée de rizières et de marécages. Il a été constitué suite aux grands assèchements effectués au milieu du XXème siècle.

La population s’élève à environ 15 000 habitants avec une forte proportion de personnes au chômage et sans qualification. C’est une population très jeune, puisque 40 % de ses habitants ont moins de 15 ans. Le taux de natalité est très élevé et l’espérance de vie basse.
La majeure partie de cette population vit de travaux agricoles, en complément de travaux journaliers. En effet l’aggravation du problème de drainage et la réduction de la surface cultivable ont contraint les cultivateurs à cumuler leur principale fonction avec de petites activités (fabricants de briques, marchands de légumes, journaliers, artisans, éleveurs, lavandières, etc.) faisant d’eux des semi-cultivateurs, voire des cultivateurs fictifs.

Les habitations se concentrent le long de la route qui sépare le quartier de la Cité 67 ha et les rizières. Les infrastructures publiques (bornes-fontaines, bassins-lavoirs, digues, passerelles, canaux d’irrigation, etc.), quand elles fonctionnent, sont en nombre insuffisant pour satisfaire les besoins d’une population croulant sous les problèmes. Les entretiens et réparations sont inexistants.

Une enquête menée par l’AFVP (Association Française des Volontaires du Progrès) a permis de sérier les problèmes que rencontre la population du quartier, confrontée quotidiennement à la misère et l’insalubrité :

  • Absence de structure éducative
  • Problèmes de malnutrition
  • Chômage élevé
  • Absence de loisirs
  • Vie associative et culturelle inexistante

Malgré tous ces problèmes, on peut noter une réelle intention d’agir de la population et les quelques associations existantes en place autour du Fokontany (mairie du quartier) se mobilisent autour de projets qui attirent la présence d’ONG et parfois d’autres organismes.

L’année scolaire est calée sur le calendrier français. Pendant les grandes vacances (juillet/août) le Centre reste la plupart du temps ouvert, et organise un centre aéré. Ces activités peuvent être parfois prises en charge (en août) par des bénévoles venant de l’étranger ou par de jeunes malgaches issus des associations locales. Le contact avec les enfants est très positif et l’expérience est toujours un succès.

LES ACTIVITÉS DU CENTRE

Depuis 2022, la Coordination du Centre est assurée par Sœur Jacqueline. Clara RAKOTOARY est la directrice de l’école, qui accompagne remarquablement l’ensemble des équipes pédagogiques et qui a à cœur d’offrir le meilleur enseignement possible aux enfants scolarisés au Centre. Le Service Suivi Filleuls s’occupe des enfants parrainés, du préscolaire jusqu’aux études supérieures, et de la communication avec les marraines et les parrains. Il est composé de deux merveilleuses assistantes sociales très engagées : Nisa et Voahary, cette dernière étant d’ailleurs la Responsable de ce Service crucial pour notre Association qui fonctionne essentiellement grâce aux parrainages.

L’éducatif

L’école est ouverte du lundi au vendredi, et le Centre assure la scolarité de 900 enfants. Sur place, les cours vont du préscolaire au CM2, où les enfants sont pris en charge par 22 enseignants dans des salles de classe bien équipées. Depuis 2011, le Centre a ouvert des classes d’alphabétisation qui accueillent les enfants des rues, de tout âge. Les cours sont dispensés en français et en malgache. Le Centre continue également d’accompagner les meilleurs de ses élèves, au Collège privé ou publique, au Lycée, et même en études supérieures depuis l’année scolaire 2022-2023. Il continue à soutenir aussi celles et ceux qui partent en formation professionnelle (mécanique, couture, coiffure, électricité, etc…). A la rentrée 2025, l’école commence à ouvrir progressivement les 4 niveaux du Collège (6ème en 2025, 6ème + 5ème en 2026, et ainsi de suite). Le Centre est officiellement reconnu par l’Etat en tant qu’école, depuis 2007 et les enfants y passent leur diplôme à la fin du primaire (CEPE), ce qui permet à certains de pouvoir continuer leurs études dans le secondaire. Cette reconnaissance permet également de bénéficier de la part de l’Etat des manuels scolaires gratuits.
Les programmes sont assez similaires aux anciens programmes français. Tous les cours sont copiés à la main et les élèves sont évalués régulièrement.

L’alimentaire

Il convient d’assurer un repas quotidien aux 900 enfants du Centre, y compris aux jeunes collégiens, lycéens ou étudiants qui viennent déjeuner le midi au Centre. Ce repas est constitué essentiellement de riz blanc (nourriture de base des malgaches) et de légumes. Les Enfants d’Ankasina met en place en 2024 l’Opération “Tarita”, destinée à améliorer la qualité nutritionnelle des repas par l’apport hebdomadaire en protéines (viande, œuf, légumineuses), en calcium (lait, yahourt), et en vitamines (fruits frais). Chaque jour, c’est 100 kilos de riz qui sont consommés. L’Opération “Tarita” entraîne la baisse de cette consommation exclusive, grâce à l’apport d’autres denrées alimentaires et au profit de la diversification des sources de glucides (remplacement du riz blanc par du riz demi-complet, pâtes au blé…). Le personnel alloué à cette tâche comprend une petite dizaine de personnes (cuisine, plonge, etc.).
A ce repas viennent s’ajouter 2 goûters quotidiens (gâteaux) le matin et le soir avant de quitter le Centre.

Le Centre possède une petite rizière assez éloignée du quartier et qui produit tout au plus 3 tonnes/an. Cette acquisition (en 2011) s’était inscrite dans le cadre d’une politique d’investissement dans l’acquisition de rizières, afin de prendre en charge une partie de la consommation en autosuffisance et de sécuriser la production alimentaire pour les enfants, tout en diminuant sensiblement le budget alloué à ce poste. Il est vrai que le riz représente un budget colossal et subit sans cesse de considérables augmentations (50% d’augmentation pour la seule année 2024). Ce projet ne s’est pas montré pérenne (frais de fonctionnement, éloignement, rentabilité non signifiante eut égard aux besoins, …) et depuis quelques années, toutes les rizières autour d’Ankasina sont rachetées par les chinois de sorte qu’il n’y en a plus aucune de disponible aujourd’hui. 

Le sanitaire

Le Centre dispose d’un dispensaire performant. Initialement prévu pour venir en aide aux seuls enfants, ce dernier a pris une vocation sanitaire pour le quartier Ankasina en entier. Les familles viennent consulter et se faire soigner quotidiennement.
Le dispensaire comprend aujourd’hui 7 personnes (2 médecins, 3 infirmières, 1 sage-femme et 1 personne à l’accueil). Il représente un poste budgétaire très important dans la gestion du Centre et principalement pour la partie médicaments. L’Etat malgache aide mais très insuffisamment. Un projet de dentisterie est en cours depuis quelques années et est sur le point d’aboutir. Le cabinet est fin prêt, le dentiste recruté, et dès que les dernières formalités seront accomplies, les enfants pourront se faire soigner leurs dents sur place (les carences alimentaires entraînent de très importants problèmes de dentaire – caries et autres).

Une sage-femme s’occupe du suivi des maternités depuis 2006. La plupart des accouchements ayant lieu la nuit et le Centre étant fermé à ce moment-là,  les femmes se rendent donc à l’hôpital. Mais ayant bénéficié du suivi médical du dispensaire pendant leur grossesse, elles n’ont pas de frais à payer hormis les frais de lit. Un seul accouchement a eu lieu au dispensaire, jusqu’à ce jour. Une secrétaire gère l’accueil des patients et l’encaissement des frais de consultation, car même minime une participation aux frais est demandée.

Le dispensaire offre aux jeunes femmes du quartier l’accès au planing familial. L’équipe organise régulièrement des réunions d’informations concerant les risques de grossesse précoce chez les jeunes filles. Réduire ce phénomène casse la chaîne de la pauvreté intergénérationnelle.

Les consultations générales, prénatales, postnatales :

Le dispensaire est ouvert du lundi au vendredi de 8h à 16h, à tous les habitants du quartier, ce qui représente environ 350 consultations par mois. En fait ce sont essentiellement des femmes et des enfants qui consultent, très peu d’hommes poussent la porte du Centre. L’achat des médicaments nécessaires au fonctionnement du dispensaire s’élève à 800 euros par trimestre, le reste est apporté par les dons des gens de passage et des collectes en France.

Les vaccinations :

Tous les enfants du Centre sont vaccinés et ont droit à une visite médicale par an. Pour tous, l’accès aux soins est gratuit. Les principales maladies dont ils souffrent sont liées au manque d’hygiène qui provoque diarrhées, problèmes dermatologiques et infections respiratoires, ainsi qu’à la dénutrition. On note comme chez les adultes de nombreux soucis dentaires car l’alimentation est carencée en vitamines.

La protection maternelle et infantile et la planification familiale :

L’âge moyen de la première grossesse à Ankasina est 14 ans, d’où l’importance de mettre en place une régulation des naissances efficace. La contraception est disponible au dispensaire, elle permet de limiter le nombre d’enfants à 3 ou 4 par famille. Avant l’ouverture du Centre, on estimait le taux de mortalité du quartier à 415 bébés pour 10 000 naissances. Heureusement grâce à notre action, il est en chute régulière.

La récupération nutritionnelle :

Le dispensaire s’inscrit dans un projet global du gouvernement malgache visant à lutter contre la malnutrition. Ainsi 80 bébés du quartier sont encadrés par un programme alimentaire dès l’âge de 6 mois jusqu’à 5 ans. Ils sont allaités à la naissance par leur mère, si ce n’est pas possible le lait maternel est remplacé par du lait concentré car le lait maternisé est inabordable et difficile à trouver. Puis ils reçoivent régulièrement des compléments alimentaires sous forme d’une préparation de poudre de maïs, d’huile, de sucre et de vitamines.

L’aide sociale

En marge du dispensaire, nous avons dû très rapidement mettre en place un service social. Il est aujourd’hui composé d’une dizaine d’assistantes et assistants sociaux, formés et compétents.
Parmi eux, deux assistantes sociales s’occupent exclusivement du suivi des enfants parrainés, assurant aussi la communication entre eux et leur marraine ou parrain.

Qu’ils accueillent les familles au Centre ou qu’ils leur rendent visite à domicile, les travailleurs sociaux sont à l’écoute des habitants qui ont tous des besoins immenses.
Chaque demande est étudiée en commission et nous tentons de répondre favorablement à la plupart, même si ce n’est pas toujours le cas, faute de moyens et parfois simplement de solution. Les cas les plus dramatiques et les plus urgents sont traités en priorité.

L’EQUIPE DU CENTRE BETANIA

LA COORDINATION

Sœur Jacqueline a pour mission principale de gérer toutes les ressources disponibles ou potentielles du Centre et de coordonner les actions en faveur de la communauté.Elle assure par délégation du Conseil d’Administration la gestion des ressources humaines. Elle  dirige une équipe multidisciplinaire constituée par quatre pôle d’actions qui sont l’éducation scolaire (école primaire et collège), l’alimentation, le social et l’alphabétisation. Elle assure aussi la gestion des financements octroyés par les partenaires du Centre. Elle représente le Centre vis-à-vis des instances extérieures et organise les activités du Centre, détermine les besoins et  assure la communication vers l’extérieur.

La comptabilité

Poste essentiel pour la bonne gestion du centre, M. Ndimby, le comptable, nous assure une traçabilité totale des fonds envoyés. Tous les ans lors de notre séjour sur place, nous travaillons avec lui et le Comité d’Administration pour établir un budget prévisionnel que toute l’équipe met un point d’honneur à respecter.

LE SUIVI SCOLAIRE

Le lien entre les élèves, les parents et les parrains est assuré par l’équipe du Service Suivi Filleuls.

Ce service gère toutes les informations sur le parrainage au niveau du Centre, mais s’occupe aussi du suivi des élèves boursiers (collégiens, lycéens, étudiants). Il fait le lien avec l’équipe des Enfants d’Ankasina en cas de problème avec un enfant parrainé ou sa famille. Il envoie les bulletins scolaires, les photos, les comptes-rendus des visites médicales et les courriers aux marraines et aux parrains. Il réceptionne les souhaits, questions, courriers (par mails) de ces derniers et s’occupe aussi d’acheter les cadeaux d’anniversaire, de Noël et les dons à l’occasion de la rentrée scolaire et de les donner aux filleul.e.s.

Ce service est composé de deux formidables assistantes sociales, Voahary (à gauche) et Nisa (à droite). Voahary est la Responsable de ce Service. 

LES SOEURS DE LA PROVIDENCE

Les Sœurs sont présentes dans l’école. Elles sont 4 et occupent des fonctions importantes dans la vocation sociale et l’économie du Centre.

Elles gèrent la cantine sociale et servent les repas aux personnes en difficulté.

Elles s’occupent aussi de l’éducation religieuse. Elles sont représentées par Sœur Jacqueline (à gauche de la photo)

L’EDUCATION

Madame Clara RAKOTOARY est la responsable pédagogique. Autrement dit, c’est la directrice de l’école.

Elle soutient les autres professeurs et s’assure que les programmes d’enseignement sont conformes. Elle organise aussi les activités et sorties scolaires.

Issue du quartier Ankasina et résidant encore aujourd’hui à côté de l’école où elle a elle-même suivi sa scolarité, elle a une vision très juste et intéressante de comment doit être son établissement et de qu’il peut devenir. Elle a à cœur d’offrir le meilleur enseignement qui soit aux enfants de son quartier, et de rendre la tâche des enseignants la plus impliquante et passionnante possible. Nous lui devons l’ouverture des classes de Collège, afin d’accompagner les enfants le plus loin possible dans le cadre sécurisant du Centre Bétania dont l’école est reconnue aujourd’hui pour sa qualité pédagogique.

Les enfants sont fragilisés du simple fait de leur extrême pauvreté qui les rend différents des autres jeunes malgaches. Ils ne sont parfois ni assez mûrs ni assez “armés” lorsqu’ils sortent du Centre à 10 ou 11 ans et qu’ils se retrouvent dans d’autres établissements, privés ou publiques. Les accompagner jusqu’à leur Brevet laisse le temps nécessaire à ce qu’ils gagnent en compétence et en confiance en eux, afin de pouvoir s’engager au Lycée en se sentant mieux préparés et plus forts.

L’équipe du centre Bétania

© Ankasina.org.